Le prophète est méprisé
Il y n’a pas les conditions. Ceci n’est pas le moment, ce n’est pas le temps apte pour la prophétie. Les gens opprimés par le besoin immédiat, par la fatigue de survivre, par l’occupation de vendre et acheter et ne pas avoir assez, il n’est pas d’humeur pour faire place à la prophétie. Le moment confus pour trop de nouvelles et l’être envahi par les opinions, pour les points de vue hurlés et les discussions infructueuses ce n’est pas le temps apte pour un mot incisif et simple comme la prophétie. Les gens distraits par beaucoup de choses, s’amourachés par beaucoup de sottises, intéressée à beaucoup de banalités serait heurtée par un mot péremptoire comme la prophétie.
Et cet homme aussi, ce menuisier, cet homme si commun dont nous connaissons toute la parenté n’est pas certain apte pour être un prophète. La sienne semble plutôt une prétention qu’une mission reçue par Dieu, ses mots jouent comme fruit d’un savoir qui joue nouvelle et déconcertante. D’où il lui vient ce savoir ?
Jésus semblait apte non plus pour être un prophète.
Beaucoup de moins ensuite – il vient à penser – l’Église, cette Église n’est pas l’Église apte pour la prophétie. Trop alourdie par son histoire, accablée par beaucoup de lests, comme est-ce qu’elle pourra avoir quelque chose d’intéressant, vraiment de prophétique à dire ? Cette Église discréditée par les scandales gonflés et généralisés par l’insistance et l’emphase des moyens de communication, comme elle pourrait prétendre d’être écoutée s’elle se hasarde dans la prophétie ?
Si on est raisonnables, il n’y a jamais un temps apte pour la prophétie : c’est pour cette raison que les vrais prophètes ont toujours eu vie misérable.
Si on est réaliste, il n’y a jamais eu une Église apte pour la prophétie : donc dans l’Église il a y eu toujours un certain embarras dans les rapports avec le monde et sa parole a toujours été considérée anachronique pour les savants de ce monde.
« Qui j’enverrai? Me voilà! ». Cependant les prophètes ne parlent pas quand ils sont prêts, mais quand il leur est commandé; les prophètes n’attendent pas le moment apte, les prophètes n’attendent pas, pour s’exposer, d’être irrépréhensibles et exemplaires. Les prophètes parlent parce qu’ils reçoivent le commandement de parler : la parole qui reçoivent est vivante, efficace, tranchante. Ils parlent parce qu’ils obéissent, ils parlent parce qu’ils sont envoyés, ils parlent parce qu’ils craignent d’être fades, plutôt que d’être critiqué.
La mission les expose en contextes hostiles et indifférents, elle les met au contact avec des gens comme les compatriotes de Jésus, comme les fils rebelles de l’Israël, un peuple dur d’oreille telle qui ne comprenne pas avec le cœur ni il se convertisse. Pourtant les prophètes doivent parler, ils doivent se faire signe de la hâte de Dieu pour ce peuple, pour cette ville, en entrant dans leur vie quotidienne, ainsi peu indiqué pour la prophétie, pour annoncer un royaume si peu attendu et espéré, un repos si peu cherché.
La mission du prophète est souvent exposée à la faillite, comme il a été pour Jésus, chassé ou méprisé dans sa ville, comme il a été pour beaucoup qui en nom de leur témoignage ont été entourés du mépris, de la dérision, de l’indifférence, juste de la part de ceux auxquelles ils voulaient offrir un espoir.
Ezia Fiorentino. Aujourd’hui nous rappelons une femme dans laquelle nous pouvons reconnaître le don de la prophétie d’un mot reçu qui a été exécutée avec l’engagement d’une vie : l’intuition d’une forme de vie consacrée appelée à être présence prochaine à la vie ordinaire des gens pour ouvrir les cœurs à la grandeur extraordinaire du don de Dieu, cette intuition elle est devenue une institution, elle a persuadé d’autres à se laisser marquer par ce devoir prophétique.
La prophétie, que l’Eglise a cru juste de mettre sur les lèvres d’Ezia et des Missionnaires qui l’ont suivie, n’a pas été un sermon à prononcer avec savoir de discours ou avec de l’adresse d’exposition, mais avec un genre de vie paradoxale : totalement immergé dans le monde et totalement immergé en Dieu.
La prophétie qui a marqué la vie d’Ezia et des Missionnaires qui l’ont suivie ne s’impose pas avec d’astuces séduisantes, ni avec l’activisme de la promotion, mais avec la sainteté de la vie, avec la liberté de la pensée courante pour témoigner l’originalité de la pensée de Christ, avec la fermeté de la persévérance qui atteste une puissance qui vient seulement de Dieu.
Peut-être pour rendre visible la sainteté, l’originalité, la fermeté de cette forme de prophétie sont particulièrement lumineux deux signes de notre temps, deux signes qui semblent à oubliées même par les chrétiens, voire par les consacrés.
Les deux signes sont la joie et la charité.
La joie est fruit de cette paix de demeurer dans le repos de Dieu et elle se révèle dans le sourire, dans la joie avec la quelle affronter les tribulations de l’âge, de la santé, du contexte défavorable, des mortifications subies aussi. Voilà, peut-être les chrétiens aussi, même les consacrés ont perdu l’évidence de la joie.
Et la charité qui se révèle dans une communion perceptible, dans une humilité patiente qui regarde avec bienveillance qui fait souffrir aussi, dans une affection sincère que l’indifférence ne réussit pas à fatiguer. Voilà, peut-être les chrétiens aussi, même les consacrés ont négligé la pratique de la charité. Peut-être avec ces mots prophétiques Ezia nous demande encore d’annoncer : la joie et la charité.